Je parle un peu de moi
- sergeboivin432
- 11 janv. 2019
- 4 min de lecture
La très grande majorité d’entre vous, vous êtes demandé pourquoi je dénonce avec autant d’énergie une église qui n’utilise plus le «Joyeux Noël», un pasteur qui propage la haine des LGBT, un autre qui offre le christianisme en spectacle dans un centre commercial et plus généralement les comportements fanatiques de mes soeurs et frères chrétiens. Alors je vais répondre à cette question, dans une certaine mesure, avec le plus d’authenticité possible.
Je vais commencer par vous parler d’un petit chaton qui m’avait été donné il y a quelques années. Il n’était même pas totalement sevré et j’ai dû le nourrir à la bouteille de poupée. Ce fut d’ailleurs son nom de baptême. Les mois passèrent et nous étions devenus parents tellement nous étions toujours ensemble jour et nuit, collés-collés. Elle mangeait même dans mon assiette. C‘était l’amour total au sens affectif du terme bien sûr. Un bon soir, ayant probablement vu passer une bébête quelconque, elle sauta du troisième étage et atterri sur une clôture de fer forgé avec des pointes genre as de pique. Dans les jours qui suivirent, elle restait cachée dans un garde-robe et j’allais lui porter à manger. Une fois, j’ai touché à sa blessure et elle m’a agrippée la main avec ses griffes acérées et m’a mordu avec férocité, elle ne lâchait pas et m’a fait très mal et à l’urgence on m’a dit que c’était moins une qu’elle m’ait tranché une veine. C’était ma chatte. Elle n’avait jamais cessé de m’aimer. Pourtant, elle avait réagi par instinct, sans cesser de m’aimer pour autant.
Si je vous ai raconté cette histoire, c’est que les derniers vingt ans de ma vie, j’ai été blessé extrêmement plus souvent qu’à mon tour par des êtres humains, jusqu’à frôler la mort à maintes reprises. Je suis une plaie ambulante. Ça ne paraît pas. J’ai appris dès la tendre enfance à masquer ma douleur, celle infligée par un père incestueux qui est allé jusqu’à me torturer pour m’empêcher de le dénoncer. Vous voulez savoir qui je suis ? Je l’ai dénoncé quand même, dès que j’en ai eu l’occasion. Mais il était trop tard pour ma soeur. Elle est morte à cause de ma lenteur à réagir, prise dans le conflit entre l’amour de mon père et le devoir de protéger ma soeur. Elle est morte par ma faute. C’est ma nature désormais de dénoncer ce qui est mal. Mon père n’était pas seulement pédophile, il était menteur, hypocrite, mesquin et imbécile. Lorsque l’on manifeste devant moi quelque violence ou imbécilité que ce soit, j’entre en « War Mode » et je remercie Dieu d’avoir un QI en haut de 30 comme les chats, car ça me permet de contrôler ma férocité et de ne pas griffer et mordre, mais je dénonce et dénoncerai toujours.
Je sais par ma formation ce que les gens peuvent éprouver face aux controverses que je soulève en rapport avec plusieurs passages de la Bible. L’insécurité du lendemain, j’ai connu. Mais je sais aussi que ça ne tue pas. Ça ne fait même pas deux mois que j’ai commencé à dénoncer. Je ne m’attendais pas à cette réaction de panique de chrétiens si expérimentés. Il y a là pour moi, incohérence. Ceux avec qui j’ai échangé ont réagi exactement comme monsieur et madame tout le monde et c’est ça le non-sens. Je n’arrive pas à concevoir qu’un chrétien intelligent puisse être aussi rigide face à quelque sujet délicat que ce soit. C’est comme si Dieu était devenu la Bible qui n’est qu’un livre. J’ai connu des Chinois qui ont passé des années sans Bible sous l’oppression sans y perdre leur foi. Ce que j’ai vu ces dernières semaines, ce sont des gens incapables d »aborder quelque sujet que ce soit sans devoir référer à la Bible, comme des enfants sans opinion qui doivent toujours aller demander à maman ou papa, quoi répondre à chaque question qui leur sont posées. C’est caricatural bien sûr, mais dès qu’ils essaient de répondre par eux-mêmes ils deviennent mesquins, méchants et même cruels.
Je les aime quand même. À sa mort, moi et mon père avions fait la paix et je n’ai jamais cessé de l’aimer malgré mes colères parfois. Ce que la plupart des gens ne comprennent pas c’est que les grandes blessures, ça ne guérit jamais. Le miracle de la survie tient à l’apprentissage de la reconnaissance. Savoir reconnaitre ce qui se passe. Naïvement ils croient plus en ce qu’ils ne voient pas qu’en ce qu’ils savent. Ils savent que les êtres humains sont fragiles et sensibles, mais ils les traitent comme des chiens galeux. Ils savent que leur indifférence fait mal, mais ils font comme s’ils n’en voyaient pas les réactions. Ils savent que le rejet fait mal, mais ils font comme si de rient n’était, jusqu’au jour où ça leur revient dans le front. Ils savent que les coups bas, les insultes, le mépris, la haine, la condamnation ça peut tuer, mais ils se bouchent encore les yeux préférant croire en l’invisible de leur imaginaire. Sans s’entendre parler intérieurement, ils disent : je vais détourner le regard du mal que je fais et le mal disparaitra comme par magie. La magie est interdite, mais en pensées ils se font magiciens.
Je suis un bobo à deux pattes, hypersensible. La moindre humanitude me réjouit ou me fait pleurer de joie. Je suis un chaton affectueux qui une fois bien nourrit, ne pense qu’à jouer sa vie jusqu’à l’épuisement. Enfant, je n’ai jamais eu le temps de jouer ma vie. Désormais, l’univers est mon carré de sable. Viens jouer avec moi, mais ne touche pas à mon bobo, parce que je vais te montrer mes dents et grogner à te faire fuir, t’éloigner… de mon bobo.
Mon bobo c’est ma sensibilité d’être humain. Ton tisonnier, c’est ton indifférence, ton manque d’empathie, tes mensonges, ton hypocrisie, ta mesquinerie, ta méchanceté et ta cruauté et aussi ton orgueil de croire que tu n’es rien de tout ça parce que tu es chrétien. Pauvre aveugle dans l’utérus de ta mère comme dans la caverne de Platon. Les ombres sur le mur te font peur et tu aimes ta peur parce que tu la connais et que c’est l’inconnu qui te terrorise. Faux nid…
Je sais, je parlais de moi. Que Dieu vous bénisse abondamment. Amen.

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